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​Chroniques salmantines 2025

Jour 3.


Après une soirée extrêmement agréable entre amis, nous nous réveillons ce matin avec chacun un petit programme établi.
Certains souhaitant aller marcher, d'autres voulant visiter la ville, d'autres encore, dont j'étais, désirant aller sur le parcours de golf.
Lors du petit-déjeuner, la salle était très calme, nous avons vu débouler notre ami Pepe Fraile, flanqué de trois messieurs, organisateurs du Certàmen de Perales de Tajuña.
En quelques années, en effet, l'hôtel la Rad était devenu "the place to be", dans le milieu de la tauromachie, hérité de l'établissement El Cruce, qui, avant sa fermeture définitive voici quelques années maintenant, jouait ce rôle auparavant.
 
Le Maestro Juan Leal, de son côté, avait programmé l'entraînement physique, près de la Rad, dans le lotissement, plus précisément vers le fronton et le tennis du quartier. Il avait un carretón dans sa fourgonnette, pour que les conditions soient optimales. Lui non plus ne fait rien à moitié !
 
10h13 : nous partons pour le golf, accompagnés d’Alain et Jean-Yves. Nous refaisons le chemin qu’a fait ce dernier, hier à pied. Je peux le confirmer, mon Jean-Yves est un fou. 5.7 km de piste, essentiellement un chemin de terre, parsemé, non pas d’ornières, mais de piscines olympiques pleines de boue. C’est très chaotique en voiture, il n’est pas envisageable d’écrire le moindre texto dans ces conditions, mieux vaut le dicter !
Alain, qui pour sa part découvre, depuis lundi, cet univers du campo salmantin, est un homme heureux de ces nouvelles sensations. Il a le sourire et se réjouit de tout ce qu’il est en train de vivre.
Nous longeons un pré bien vert avec les chênes caractéristiques de cette région. C’est hyper reposant, à perte de vue, des moutons paissent tranquillement. Zen, le campo, zen…
10h30 : arrivée au golf de Valmuza. Soleil sans vent. 
Alain, qui ne se doutait pas, voici un quart d’heure, qu’il allait fouler un terrain de golf pour la première fois, se régale. Il va conduire une voiturette. Autre première fois ! Autre surprise de la vie et du hasard.
 
Jacques-Olivier, mon ami, depuis près de 35 ans, lui est aussi sur un nuage depuis qu'il sait qu'il va participer à cette aventure. Je mesurais combien le temps passe vite. On s'était connu presque à l'âge du cahier de textes, j'avais déjà atteint l'heure du pilulier ! Mon vieux qu'on plisse...
Tout cela me faisait repenser à de nombreuses chansons de Vladimir Vysotsky, lui qui a si bien évoqué combien la vie peut être courte. Il avait probablement instinctivement ressenti qu'il quitterait ce monde à 42 ans, laissant Marina Vlady son épouse dévastée d'avoir perdu l'amour de sa vie. Carpe diem.
 
12h : Après seulement 4 trous, nous rentrons à la "maison", car le timing est serré. Le tentadero est prévu une heure plus tôt pour éviter le froid et la nuit. Priorité aux toros.
Sur le chemin du retour, un petit nuage rond en forme de poisson lune semble perdu tout seul en plein ciel.
Arrivés à la Rad, je devrais plus exactement dire dans le paradis de Tommy, nous trouvons en de multiples endroits ses jouets : la pieuvre en tissu éponge, son gros hippopotame qui fait couic couic, son petit cochon qui fait pouet pouet. Il est allé chez le toiletteur, il est encore plus beau, je crois qu’à la fin du stage, Tommy va repartir avec moi !
Ana nous a fait préparer une sorte de cassoulet aux champignons, inoubliable. La queue de toro du diner d’hier soir avait valu une ola à Joaquin, cuisinier très doué pour fidéliser ses convives.
14h04 : départ pour Sepúlveda de Yeltes, 40 minutes de trajet, plus 10 minutes d'erreur de trajet, on parle, on parle et on oublie les sorties !
 

Sur la draille menant à la finca, nous découvrons beaucoup de petits veaux. C’est une vision superbe.
Notre ami Iñigo a tout prévu, tout est prêt pour nous accueillir dans les meilleures conditions : le feu est en train de crépiter dans la cheminée, le vin rouge, les empanadas, c'est du luxe. Quelle gentillesse, quelle délicatesse. Il revient d’Arzacq où ses toros ont fait merveille. Il a été très sensible à la qualité de l’accueil des organisateurs et à tous les détails qui lui ont été adressés pour l’honorer.
Susana, sa sœur, est une belle femme, qui nous accueille avec un grand sourire, esquissant quelques mots de français, souvenir de ses études. Nous sommes mis tout de suite à l’aise.
 

Dans la piste, Alain et Jean-Luc s'affairent pour que le centre du ruedo soit moins inondé. C’est la passion qui reprend ses droits. Alain a trouvé un seau, il ne perd pas une minute. Avec le geste auguste du semeur, il racle le sable très inondé et jette l'eau sur les côtés. 
Voyant que les jeunes novilleros les regardent sans réagir, nous les enjoignons à les rejoindre pour leur prêter main forte. Après tout, c’est pour eux qui vont toréer que tout se met en branle, un peu d’aide sera la bienvenue.
Marc me dit, avec son air très british, un brin pince sans rire : "On dirait les shadocks ! "
A la vue de notre organisation et de l’efficacité de cette action commando, je me dis que nous sommes une petite troupe totalement autonome, avec équipe médicale et les areneros intégrés.
Alain est un finisseur, il fignole ce centre de piste aux petits oignons pour ces jeunes toreros en herbe.
Le maestro Juan Leal contrôle tout, comme à son habitude.
 

4 vaches sont prévues, 5 toreros, on va donc faire un sorteo pour désigner qui torée et dans quel ordre. Le cinquième sortira à chacune, de second.
15h24 : fin de la préparation de la piste. Cet échauffement vous était gracieusement proposé par la ganaderia Sepùlveda !
On attend le cheval qui débute aujourd'hui sa carrière de picador. Il sera monté par Carlos, le vacher de la finca, qui, lui aussi, fait ses débuts de picador…
15h29 : Sorteo, suspense, Pablo tire le n°5, il va donc sortir à chaque novillo. Finalement, il a tiré le meilleur numéro.
Habillage du cheval. Attente, patience.
Ciel pommelé, un peu d'air, un petit soleil.
15h40 : entrée du cheval 
Puis, on attend encore, comme toujours.
Puis, ça démarre.
 

15h50 1ère vache 7538. Noire.
Elle bondit du toril. Elle court en rond, comme un mustang sauvage.
Rémy.
Le ganadero donne des indications à Carlos qui ne se sent pas trop confiant.
La vache est noble, le torero aussi.
C’est une chanteuse mais prend tous les muletazos proposés.
16h05. Pablo sort.
Vache bouche fermée.
Il se régale lui aussi.
La vache n'arrête pas de chanter.
Éric notre magicien va s’essayer. C'est plus compliqué mais il s'accroche. Il craint moins les tigres que les vaches, nous dit-il.
Coiffure, sortie
16h19, a campo abierto. Pablo continue. Il ne veut pas s’arrêter.
 

16h20. 2ème vache. Rousse
Pour Sacha.
Puis Pablo.
"Houp, houp, houp" - Carlos tente de piquer cette vache.
Sacha à la Muleta.
Mes compagnons de palco semblent aller bien. Plus, ce serait trop, comme on dit.
C'est un bétail pour reprendre confiance.
Sacha se place bien sûr les reins, il fait de jolies passes.
Le ganadero nous propose un peu de vin, des empanadas argentines, service VIP Premium de luxe.
16h38 Pablo.
16h48 coiffeur et sortie. Pablo continue, il se régale et "s'en met jusque-là".
Éric itou.
 

16h54. 3ème vache. Noire
Jacques-Olivier : "Le bonheur ! ". Il est en quasi-lévitation transcendantale. J’adore.
16h57. Sortie de la vache pour crampe. Elle reviendra plus tard.
16h58. 4ème vache. 7722. Rousse Marbrée de noir. 
C'est ma copine !
Je lui ai parlé en arrivant, elle a de très beaux yeux en amande, elle s'est avancée vers moi, en croisant ses pattes à chaque pas, comme un mannequin sur le podium, très intéressée parce que je lui disais qu'elle était belle. Au contraire, ce matin, à la télévision, une ministre, Yolanda Diaz, pour ne pas la nommer, a créé l’événement en se plaignant d’un journaliste. Il avait eu le malheur de lui dire qu’il trouvait qu’elle était de plus en plus belle chaque fois qu’il la voyait. Elle a qualifié ces propos de machistes.
 ¡ que Tonta !
 
 
Valentin.
Carlos pour sa pique, "houp, houp, houp".
Il ne faut pas qu'elle reste dans la partie humide, cette vache !
17h04 muleta pour Valentin. 
Finalement, Iñigo est plus préoccupé par Carlos et le cheval. Il n’arrête pas de donner des indications à Carlos.
Odeur du chêne en train de brûler dans la cheminée.
Juste le bruit des sabots sur la piste et les "rugissements" de Valentin qui appelle cette jolie bête.
Ce garçon se régale, cette vache ne voit que la Muleta. Elle est brave. 
Elle passe dans tous les sens.
17h17 Sacha.
Pablo 17h20.
Un corbeau croasse en passant au loin. Quelques rossignols chantent de façon très mélodieuse mais répétitive. 
17h24 Rémy a campo abierto continue de toréer sur l’herbe verte avec de vieux chênes vert pour témoin.
La vache doit baisser la tête le plus possible. C’est important pour le ganadero.
Rémy fait trainer, il dirige la vache dans le sens opposé au portail, il ne voudrait pas s'arrêter.
Fin de la récré !
Ils n'en ont jamais assez. Assoiffés qu'ils sont ces toreros ! 
Notre práctico magicien s'est fait très discret cet après-midi. Comme une sorte d’auto-disparition ! il est allé « resquiller » lui aussi a campo abierto. Il est trop fort ! Nous nous moquons de lui alors que nous sommes confortablement installés au chaud !
 

17h30. Ressortie de la 3ème vache.
Marco.
Une petite pique.
Les critères à surveiller pour l’éleveur sont la bravoure, la force, la mobilité et la fixité. Il y a de nombreux documents dans des classeurs, sur la table, dans le palco…des listes d’origines généalogiques, de numéros d’identification etc… Tout se complique administrativement, même au campo.
Marco, bien, élégant.
Rémy à nouveau.
Jean-Luc vient se réchauffer au palco, près de la cheminée car mine de rien, l'humidité est bien là. Le froid nous assaille.
17h47. Coiffure par Pablo, qui est un phénomène pour attraper les vaches, les mettre à terre et les immobiliser en leur tenant une patte arrière.
Sortie de piste.
Fin de la tienta. 17h50.
Je vois Jean-Yves sur le muret qui longe les chiqueros et je lui demande comment il va. "Je suis sur un nuage ! " me dit-il. - Lui aussi ?
Ils sont tous en train de se régaler, non ?
Nous rentrons à l’hôtel. Le cours théorique débute dans 45 minutes.
On se réchauffe comme on le peut. Ce froid, ça pique…
Encore un bel entrainement, un bétail de qualité, des moments de vie inoubliables…Le campo, c’est le meilleur remède pour déconnecter.
Gracias a la vida.

Crédit Photos Jean-Luc JOUET et Chanquete.


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